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French Translation

Une décalaration pour un féminisme et un womanisme[1] trans*-inclusifs

Nous sommes fiers et fières de présenter une déclaration collective qui est, à notre connaissance (et nous adorerions nous tromper sur ce point), la première du genre. Dans ce poste, vous trouverez une déclaration de solidarité féministe pour les droits des trans*, signé par de nombreux-ses féministes et womanistes à travers le monde qui veulent affirmer que le féminisme et le womanisme peuvent et doivent accueillir aussi bien les personnes trans* que cis. Cette décalaration a été signée par des activistes, bloggeur-ses, universitaires, et artistes. Ce qui nous réunit est la conviction que le féminisme devrait accueillir les personnes trans* et que les personnes trans* sont essentielles à la mission féministe qu’est la défense des femmes et des autres personnes opressées, exploitées et marginalisées par les systèmes et les personnes misogynes et partriarcaux.

Si vous êtes un-e bloggeur-se, un-e écrivain-e, un-e universitaire, un-e éducateur-rice, un-e artiste, un-e activiste ou simplement en position d’infléchir les actions et discours féministes et womanistes et que vous souhaitez signer cette déclaration, prévenez-nous ! Vous pouvez utiliser le formulaire dans la page de contact, nous envoyer un mail à feministsfightingtransphobia1@gmail.com, ou, tout simplement, en commentaire de ce post, en particulier si vous le faites à titre personnel et non pas professionnel ; en plus, les commentaires demandent moins de travail pour notre équipe de modérateurs et modératrices !

Veuillez noter que ce blog en général et que ce post en particulier sont des endroits où les personnes trans* peuvent venir trouver accueil et support de la part des féministes. Pour cette raison, tous les commentaires doivent être approuvés par la modération et les discours haineux, intolérants et abusifs dirigés envers les groupes marginalisés ou les membres de ces groupes ne sont pas approuvés : ils seront supprimés ou remplacés par des textes se moquant de ce type de discours, suivant l’humeur des modérateurs ou des modératrices. En clair : la transphobie, le malgenrisme, le racisme, la misogynie et le slut-shaming ne sont pas les bienvenus.

Les commentaires exprimant les manières dont les féministes et womanistes cis et trans* peuvent s’organiser pour démontrer leur solidarité, support, et acceptation des personnes trans, sont particulièrement les bienvenus. Lire les noms de féministes de renoms associés à de la transphobie nous brise le coeur, mais comme Joe Hill le disait : “Ne portez pas le deuil; organisez-vous !”

– L’équipe de modération

Nous, les universitaires, écrivain-es, artistes et éducateur-rices trans* et cis, voulons affirmer publiquement et ouvertement notre engagement dans un féminisme et un womanism qui incluent les personnes trans*.

Il  y a eu une augmentation notoire de la transphobie dans la production féministe cet été : le livre à paraître de Sheila Jeffreys publié par Routledge; la lettre de menaces anonyme envoyée à Dallas Denny après qu’elle et Jamison Green aient écrit à Routledge à propos de leurs réserves quant à ce livre; et, enfin, la déclaration “Forbidden Discourse: The Silencing of Feminist Critique of ‘Gender’ ” (Discours interdit : la silenciation des critiques féministes du “genre”), qui a récemment beaucoup circulé et a été signée par nombre de féministes célèbres dont le fourvoiement, que nous regrettons, a été particulièrement noté. Et tout cela se passe dans un climat de virulente transphobie mainstream faisant suite à la fois à la couverture du procès de Chelsea Manning et de son affirmation quant à son identité de genre qui a suivi et aux meurtres récents de jeunes femmes trans racisées telles qu’Islan Nettles et Domonique Newburn; ces meutres s’incluent dans une longue histoire de violences envers les femmes trans de couleur. Étant donnés ces évènements, il est important que nous nous exprimions en faveur des féminismes et du womanisme qui soutiennent les personnes trans*.

Nous sommes engagé-e-s à la reconnaissance et au respect de la contruction complexe des identités de genre et de sexe; à la reconnaissance des femmes trans* comme femmes et à leur inclusion dans tous les espaces pour femmes; à la reconnaisance des hommes trans* comme hommes et au rejet des récits de masculinité qui les excluent; à la reconnaissance des personnes non-binaires et genderqueer et à l’acceptation de leur humanité; à l’exigence de recherches et d’analyses sur le genre, le sexe, et la sexualité qui soient rigoureuses, bienveillantes et nuancées, qui acceptent les personnes trans* comme expertes de leurs propres expériences et comprennent que la légitimité de leurs vies n’est pas ouverte au débat; et, enfin, au combat contre les idéologies soeurs que sont la transphobie et le patriarcat et contre toutes les manifestations de ces idéologies.

Le féminisme transphobe ignore que de nombreuses personnes trans* et genderqueer s’identifient comme féministes et que beaucoup de féministes cis s’identifient avec leur sœurs, frères, ami·e·s et amant·e·s trans*; c’est le féminisme qui les a trop souvent rejeté·e·s, et pas l’inverse. Il ignore les pressions historiques exercées par les professions médicales sur les personnes trans* pour se conformer à des stéréotypes de genre rigides afin de se voir “offrir” l’aide mécidale à laquelle ils et elles ont droit en tant qu’êtres humains. En posant “la femme” comme une identité cohérente et stable dont ils et elles s’autorisent à définir les limites, les féministes transphobes rejettent les apports de l’analyse intersectionnelle, subordonnant toutes les autres identités à celle de “la femme” et toutes les oppressions au patriarcat. Ils et elles refusent de reconnaître leur propre pouvoir et privilèges.

Nous reconnaissons que les féministes transphobes ont usé de violences contre les personnes trans* et leurs partenaires et nous condamnons de tels comportements. Nous reconnaissons que la rhétorique transphobe a des effets profondéments néfastes sur les vies réelles des personnes trans; en témoigne l’emprisonnement de Cece MacDonald dans un établissement pour hommes. Nous reconnaissons de plus la violence particulière que la transphobie cause aux personnes trans* racisées lorsqu’elle se combine avec le racisme, et la violence qu’il encourage.

Quand des féministes excluent des femmes trans* des refuges pour femmes, les femmes trans* sont laissées vulnérables aux formes les plus extrêmes d’abus et de violences misogynes, que ce soit dans les refuges pour hommes, dans les rues, ou dans des foyers violents. Quand des féministes demandent à ce que les femmes trans* soient exclues de toilettes pour femmes et que les personnes genderqueer choisissent des toilettes binaires, ils et elles rendent la participation dans la sphère publique pratiquement impossible, collaborant avec une rigidité des identités de genre contre lequel le féminisme s’est historiquement battu, et érigent une autre barrière à l’emploi. Quand des féministes enseignent la transphobie, cela éloigne les étudiant-e-s trans* de l’éducation et des opportunités qu’elle fournit.

Nous rejettons également  la notion que les critiques de la transphobie par les activistes trans* “fassent taire” qui que ce soit. La critique n’est pas la même chose que la silenciation. Nous reconnaissons que l’accent mis récemment sur des soit-disant rhétoriques violentes et des menaces venant, selon les féministes transphobes, de femmes trans* en ligne ignore plus de quarante ans d’histoire de rhétoriques violentes et éliminationnistes dirigées par des féministes importantes contre les femmes trans*, les hommes trans* et les personnes genderqueer.

Cela ignore la stratégie assumée de certain-es féministes anti-trans* bien connues de s’engager dans un harcèlement et des provocations assumé-e-s et persistant-e-s envers les personnes trans* et plus particulièrement les femmes trans* dans l’espoir de provoquer des réponses pleines de colère qui sont ensuite utilisées pour présenter les femmes trans* comme oppressives et les féministes femmes cis comme des victimes. Cela ignore l’outing de femmes trans* dans lequel certain-e-s féministes transphobes se sont engagées, sans considération pour les dégâts que cela provoque dans la vie de ces femmes ni les risques que cela leur fait courir. Et cela repose sur la rhétorique pernicieuse de la culpabilité collective, utilisant n’importe quel exemple soit de rhétorique violente, quelqu’en soit la source, soit de colère légitime de n’importe quelle femme trans*, afin de condammer l’ensemble des femmes trans* et de justifier le maintien de leurs exclusions et le reflus de leurs droits.

Que l’on soit cis, trans*, binaires ou genderqueer, nous ne laisserons pas les discours féministes et womanistes regresser ou stagner; nous allons augmenter notre compréhension du genre, du sexe, et de la sexualité à travers les disciplines universitaires. Bien que nous respections les immenses accomplissements et les dures batailles menées par les activistes des années 60 et 70, nous savons qu’ils et elles ne sont pas infaillibles et que le progrès ne peut pas s’arrêter avec eux si nous espérons garder notre honnêteté intellectuelle, notre morale et notre efficacité politique. Plus important encore, nous reconnaissons que les théories ne sont pas plus importantes que les vraies vies des gens; nous rejettons toute théorie du genre, du sexe, ou de la sexualité qui réclamerait de sacrifier les intérêts de n’importe quel groupe marginalisé ou opressé.

Les personnes sont plus importantes que la théorie.

Nous nous engageons à inclure les vies des personnes trans* dans nos classes, nos écrits, et nos recherches.

[1] Le womanism est un mouvement par et pour les femmes racisées qui refusent d’être associées au mot “féminisme” en raison du racisme que l’on y retrouve bien trop souvent.

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